Thursday, May 12, 2011

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villeneuve les maguelone

Hétérotopies

Il y a, et ceci probablement dans toute culture, dans toute civilisation, des lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui ont dessinés dans l'institution même de la société, et qui sont des sortes de contre-emplacements, sortes d'utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l'on peut trouver à l'intérieur de la culture sont à la fois représentés, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables. Ces lieux, parce qu'ils sont absolument autres que tous les emplacements qu'ils reflètent et dont ils parlent, je les appellerai, par opposition aux utopies, les hétérotopies ; et je crois qu'entre les utopies et ces emplacements absolument autres, ces hétérotopies, il y aurait sans doute une sorte d'expérience mixte, mitoyenne, qui serait le miroir. Le miroir, après tout, c'est une utopie, puisque c'est un lieu sans lieu. Dans le miroir, je me vois là où je ne suis pas, dans un espace irréel qui s'ouvre virtuellement derrière la surface, je suis là-bas, là où je ne suis pas, une sorte d'ombre qui me donne à moi-même ma propre visibilité, qui me permet de me regarder là où je suis absent - utopie du miroir. Mais c'est également une hétérotopie, dans la mesure où le miroir existe réellement, et où il a, sur la place que j'occupe, une sorte d'effet en retour ; c'est à partir du miroir que je me découvre absent à la place où je suis puisque je me vois là-bas. À partir de ce regard qui en quelque sorte se porte sur moi, du fond de cet espace virtuel qui est de l'autre côté de la glace, je reviens vers moi et je recommence à porter mes yeux vers moi-même et à me reconstituer là où je suis ; le miroir fonctionne comme une hétérotopie en ce sens qu'il rend cette place que j'occupe au moment où je me regarde dans la glace, à la fois absolument réelle, en liaison avec tout l'espace qui l'entoure, et absolument irréelle, puisqu'elle est obligée, pour être perçue, de passer par ce point virtuel qui est là-bas.

Michel Foucault, Dits et écrits 1984 , Des espaces autres (conférence au Cercle d'études architecturales, 14 mars 1967), in Architecture, Mouvement, Continuité, n°5, octobre 1984

Saturday, May 7, 2011

Thursday, May 5, 2011

Tuesday, May 3, 2011

Monday, May 2, 2011

Merja

moulay bousselhem

Quelque part

Des lieux en noir et blanc. Des lieux perdus, retrouvés... reperdus. Oubliés. Des lieux qui ne sont plus que des images. Rien n'existe plus au-delà de quelques centièmes de secondes, soit, sous la lumière du jour, le temps qu'il faut à l'obturateur d'une caméra pour s'ouvrir et se refermer. Juste une illusion très brève. Pas de Tour Eiffel. Pas de Tour de Pise. Pas d'Acropole. Pas de Taj Mahal. Pas de Machu Picchu. Pas de Kilimanjaro. Pas de Baie d'Along. Pas de Wat Phra Kaew. Aucun cocotier. Aucun baobab. Aucun serpent siffleur. Aucun macaque hurleur. Aucun misérable mendiant. Aucun enfant dépenaillé et souriant. Sans odeur. Sans saveur. Sans pacotille. Rien d'authentique. Rien de magique. Des images, seulement des images. Des images en noir et blanc. Des lieux sans âmes. Des lieux, uniquement des lieux. Quelque part, sur mon chemin.